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      • La séance de l'invité : Yamina Zoutat

      • La séance de l'invité : Yamina Zoutat
      • La Safire Grand Est vous propose une soirée de projection dans le cadre des séances de l'invité avec la réalisatrice Yamina Zoutat, le mardi 4 décembre 2018 à l’Institut Européen du Cinéma et de l’Audiovisuel de Nancy, à 20h30.

        Retour au Palais, son premier-long métrage, présenté en compétition internationale à Visions du Réel en 2017, remporte le Sesterce d’Argent du meilleur film suisse. À l’heure où le palais de justice de Paris va migrer de l’Île de la Cité aux Batignolles, visionner Retour au Palais fournit l’occasion d’un vibrant hommage visuel à ce bâtiment fascinant. Assurément, le palais de la Cité en est l’un des marqueurs les plus symboliques de l’institution judiciaire française, sa seule figure caractérisant bien souvent l’institution, et ce depuis des siècles. Dans ces conditions, le transfert qui s’est opéré vers le nouveau bâtiment est riche de sens et emporte avec lui une histoire mouvementée et passionnante.

        Retour au Palais nous emmène dans une exploration sensible, sensuelle et pudique du palais de justice de l’île de la Cité. De ce monde au bord de l’engloutissement, la réalisatrice y puise un mythe, un conte où le merveilleux danse en complète harmonie avec la réalité crue des lieux. Retour au Palais est un film habité, presque hanté : la caméra rend palpable avec une acuité troublante les fantômes qui planent. Elle fait parler les murs à grands coups de silences, de crissements de parquets vernis, de tintements d’horloges qui ne demandent qu’à s’arrêter et de bruissements d’étoffes rouge et blanche.

        Yamina Zoutat livre un beau témoignage de ce qu’était ce que l’on considérera bientôt comme l’époque d’avant. Elle est d’ailleurs à même de le faire ; elle est une réalisatrice, en quelque sorte sur le terrain, car elle a longtemps été journaliste judiciaire. C’est donc pour elle un véritable retour au palais. Pour cette raison, la façon de filmer provoque une perception toute personnelle, impliquée, du lieu et c’est heureux. Finalement, ce que montre la réalisatrice, selon elle, c’est ce qu’elle n’a pas nécessairement vu quand elle était chroniqueuse judiciaire, revenant ainsi à l’éternelle question de l’observateur attentif : qu’est-ce qui nous échappe, devant nous, quand l’on va toujours au même endroit ?

        «Je n’ai pas interrogé l’institution, mais j’ai évoqué une réalité. Celle de ces palais monumentaux qui ne sont pas fonctionnels mais construisent une certaine image de la justice. Comme un squelette de notre vieille Europe», raconte Yamina Zoutat. Un regard que la réalisatrice ne veut pas univoque. «Je fais ce que l’on appelle du documentaire de création. J’ai ainsi exploré un monument, voulu aller dans des endroits inaccessibles, laissé s’échapper mon esprit comme je le faisais quand j’étais journaliste.» Yamina Zoutat revient en ces murs où elle dit avoir fait sa véritable école : «Economie des moyens et rigueur des mots».

        C’est tout d’abord un lieu que restitue Yamina Zoutat. C’est un bâtiment dont elle ouvre les portes. Lorsque l’on surplombe la cour Marie-Antoinette, lorsque que l’on voit, si fréquemment, la flèche élancée de la Sainte-Chapelle, on se rend compte de ce que le palais de justice de Paris est un lieu chargé d’histoire. Non seulement l’histoire de la justice, mais plus généralement l’histoire de France, déborde de tous les interstices des pierres du palais. C’est un palais gigantesque qu’elle donne à voir. Les proportions sont dantesques. Dès le début du film, on le comprend. En trois années, un géomètre aurait dénombré pas moins de 3 150 fenêtres, 6 999 portes et mesuré 24 km de couloirs. Oui, c’est tellement grand, comme le fait observer Yamina Zounat, que la justice a l’air toute petite. Et cette démesure se retrouve ici dans une certaine contradiction admirablement resi-tuée. Aux ors de la Cour de cassation et de la galerie où trône Saint-Louis s’oppose l’aridité tragique du dépôt et de la souricière.

        La réalisatrice ne chronique plus les affaires ayant émaillé l’histoire du Palais, mais le palais lui-même. Ce faisant, c’est une véritable atmosphère qui se dégage des images. L’atmosphère est faite de ce fort beau ballet d’hermines, de cette splendide rangée de toges qui s’étagent dans un joli plan coloré, de cette masse impressionnante de dossiers, de cartons et autres boîtes qui sont la mémoire de la bâtisse. Le palais est fait de bois, d’encre, de marbre, de cotes et de procès-verbaux. Autant d’éléments qui lui donnent ce caractère désuet qui manquera certainement et qui rappelle ce monde judiciaire qui est en train de disparaître. Il n’est pas ici question de savoir si cela est justifié ou non. Mais c’est un fait, avec le déménagement, le lieu de justice change non seulement physiquement mais également au niveau de son âme.

        Car c’est là que réside tout l’intérêt de ce film. Au-delà d’une atmosphère, il y une âme dans ce bâtiment et l’on comprend que l’on puisse s’éprendre de l’endroit. On comprend que l’on puisse se trouver singulièrement démuni, mais en même temps attiré, par cette ruche qui s’est longtemps déployée sous les yeux de ceux qui l’ont pénétrée.

        Histoire, atmosphère et âme : Yamina Zounat s’emploie à reproduire cet alliage dans le film qu’elle réalise. La photographie est belle. Elle est sans fards, ni trop appuyée ni trop simple. Les plans sont soignés. Certains sont parfois peut-être un peu longs mais cette attente crée judicieusement une certaine langueur ; d’autres sont magistraux, telle cette incroyable séquence des hurlements de détenus. C’est d’ailleurs l’une des autres forces du long-métrage. Il n’y a d’autres bruits que celui de la vie, ce qui donne à l’image un effet de réel saisissant.

        Avec brio, Yamina Zounat dresse le portrait d’un bâtiment-symbole. Tout ne quitte pas l’Île de la Cité, bien sûr. Mais, tout de même, beaucoup s’en va. En retournant au Palais, incontestablement, on ressent une certaine nostalgie de l’endroit.

        « La première fois que je suis entrée dans le Palais de Justice de Paris, j’avais vingt ans. Il avait déjà mille ans et des poussières. 6999 portes, 3150 fenêtres et 24 kilomètres de couloirs, selon la légende. J’y ai travaillé pendant plus de dix ans. J’étais chroniqueuse judiciaire. Les nuits où il fallait rester tard pour attendre un verdict, je m’éloignais des lumières et m’enfonçais dans des couloirs de plus en plus sombres. J’entendais des grondements venus des tréfonds. J’avais la sensation que le Palais était un être vivant, il me semblait le voir bouger. Aujourd’hui je m’engouffre une dernière fois dans ce Palais, avant sa disparition. Je mets en scène mon expérience intime, mes émotions, mes sensations, face à une institution toute-puissante. Au fur et à mesure que le Palais se vide et se fait silen-cieux, les fantômes prennent possession des lieux. Les murs, les boiseries, les tentures, les marches de marbre usées à force d’avoir été gravies, retiennent leur empreinte pour toujours. » 

        Yamina Zoutat

        YAMINA ZOUTAT

        Auteur-scénariste, réalisatrice, cheffe-opératrice

        Yamina Zoutat est née en Suisse, de père algérien et de mère italienne. Elle suit des études de journalisme à l’Université de Paris IV au sein du CELSA. Elle exerce pendant plus de dix ans le métier de chroniqueuse judiciaire au sein de la rédaction de TF1. En sa qualité de chroniqueuse judiciaire, elle suit pour les journaux télévisés, entre 1994 et 2004, de nombreux procès médiatiques impliquant notamment Bernard Tapie, Maurice Papon, Marc Dutroux, etc…

        Elle quitte TF1 en 2004 et se consacre à l’écriture et à la réalisation de films documentaires. Elle participe ainsi à l’Atelier Documentaire de la Fémis et devient cinéaste. 
        Son premier film, le moyen-métrage Les lessiveuses, parle ainsi de ces mères de détenus dont la vie est rythmée par les visites et le linge qu’elles lavent puis rapportent à leurs enfants en prison. « Elles triaient lavaient étendaient repassaient parfumaient pliaient rangeaient et quand c’était fini, recommençaient. Toutes faisaient la lessive pour leur fils en prison depuis des années. Je regardais le corps en creux du fils, le corps plein de la mère, la douceur et la violence qui passaient entre les deux. »

        Les Lessiveuses remporte le Prix de la création au festival Visions du Réel à Nyon en 2011.  Ce film remarqué fut adapté en un opéra contemporain. Un documentaire qui nourrit la fiction. Chose rare en France où les deux genres du cinéma ne se côtoient pas. La cinéaste sourit. A traquer la réalité, elle a surpassé la fiction. Yamina Zoutat en a écrit le livret et a réalisé la création vidéo pour la scène. 

        Retour au Palais, 2017, film documentaire, prix du meilleur long-métrage suisse festival Visions du Réel en 2017 (auteur-scénariste, réalisatrice, cheffe-opératrice).
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