Le procédé utilisé est une photographie sur plaque de verre gélatino-bromure stéréoscopique. Ce procédé a été inventé au XIXe siècle par Richard Maddox. Ce procédé permet de donner l’illusion du relief. Il s’agit de prendre deux photographies sous un angle très légèrement différent. Les deux prises de vue sont mises côté à côte sur une plaque de verre, comme celle du champ de bataille de Tahure, et, à l’aide d’un viseur stéréoscopique, les deux images donnent une impression de vue en trois dimensions. Cette photographie sur plaque de verre est visible en 3D sur le site Image Est (il suffit de se munir de paire de lunettes anaglyphes).
http://www.imagesde14-18.eu/images/ id=97920&cacheId=%23f%2Fn%2BqgMoR3HYQetLDU3UgTq%2FSOY.
Cette vue sur plaque stéréoscopique montre le champ de bataille. Il n’y a aucune indication précise de date. L’auteur de la prise de vue n’est pas connu. Cette plaque fait partie de la collection Gérard Clavel. Elle a subi des dégradations probablement liées à de mauvaises conservations.
La photographie est considérée comme le meilleur moyen de s’approcher de la réalité. Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, un très grand nombre de clichés sont pris, à l’aide d’appareils de formats divers, par des photographes professionnels ou de simples amateurs qui témoignent de la réalité des conflits. La guerre commence à être documentée par les témoignages de ceux qui la font. La photographie amateure trouve toute sa place dès le début du conflit. En effet, les appareils plus petits et plus performants se glissent dans les paquetages de quelques soldats (essentiellement des officiers passionnés de photographie). Les journaux, rapidement, cherchent à acquérir ces images en vue de leur publication. Le Miroir, dès septembre 1914 se dit prêt à « payer n’importe quel prix pour des documents photographiques relatifs à la guerre ». De leur côté, les autorités, en 1915, créent la Section Photographique des Armées. La SPA est soumise à un contrôle très strict et toutes les prises de vue sont soumises à la censure d’Etat.
Cette plaque de verre montre un amas de fil de fer barbelés, cette vue du champ de bataille est vide de soldats. On peut imaginer que la scène se déroule en première ligne, le soldat preneur de vue se trouvant dans la tranchée. Les vues de barbelés sont nombreuses. Le fil barbelé devient un élément de la guerre des tranchées. Il est peu couteux. Il suffit, comme sur la photographie du champ de bataille de Tahure, de le tirer entre deux montants en bois ou en acier. Il résiste bien aux attaques d’artillerie et protège les soldats des attaques de l’armée ennemie. Les barbelés sont un redoutable obstacle pouvant blesser très grièvement voire tuer. Au début de la guerre, les pieux sont en bois, plus tard, les pieux en acier sont privilégiés car ils sont plus silencieux à installer. Sur cette photographie sur plaque de verre, ce sont essentiellement des pieux en acier avec les pointes acérées. L’installation se fait le plus souvent la nuit ou par temps de brouillard, de part et d’autre du no man’s land. Tous les Etats belligérants ont fait un usage massif du barbelé. Si le barbelé est efficace lorsqu’il s’agit de défendre des tranchées, il peut être handicapant pour les offensives.
La bataille de Champagne débute le 25 septembre 1915. Tahure fait partie des objectifs de Castelnau. Le village de Tahure, dans la Marne, est implanté près de la source de la Dormoise. Il compte 185 habitants au recensement de 1911. Les habitants du village l’avaient quitté dès septembre 1914 (première bataille de la Marne). Depuis mars 1915, Tahure est occupée par l’armée allemande. Les Allemands étaient installés sur les saillants qu’ils avaient fortement fortifiés, ayant ainsi une bonne maîtrise de la plaine qui s’étend jusqu’à Chalons en Champagne.
Joffre décide de mener une offensive importante, en septembre 1915, dans la Marne. L’attaque est menée à partir du 25 septembre après avoir été repoussée à plusieurs reprises. Le 6 octobre 1915, Tahure est provisoirement reprise. Les pertes des deux côtés sont nombreuses. Le village est totalement détruit à la suite de tirs incessants d'artillerie.
Aujourd’hui, le village de Tahure, est situé dans le périmètre du camp de Suippes, il n’a jamais été reconstruit ; il est rattaché à la commune de Sommepy pour former Sommepy-Tahure. Il fait partie des villages disparus de la Première Guerre mondiale. Ces villages sont au nombre de 7 dans le département de la Marne (Tahure, Hurlus, Le Mesnil-lès-Hurlus, Perthes-lès-Hurlus, Ripont, Moronvilliers, Naroy). Ces villages n’ont pas été reconstruits, mais ils ont été administrativement rattachés à une commune existante en 1950. Cinq d’entre eux font partie du camp militaire de Suippes et ne sont pas aisément accessibles au public.
BEURRIER Joëlle, Photographier la Grande Guerre, France-Allemagne. La violence et l’héroïsme dans les magazines, Rennes, PUR, 2016
COCHET François, 25 septembre 1915, les offensives de Champagne et d’Artois, Mission du Centenaire, 2015 http://centenaire.org/de/node/7192
GUILLOT Hélène, Les soldats de la mémoire, la section photographique de l'armée 1915-1919, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2017
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WINTER Jay, La Première Guerre mondiale, Tome1 « Combats », Paris, Fayard, 2013
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Scénario pédagogique - Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale [Séquence complète]pdf - 205 Ko