L’affiche, au début du XXe siècle, est un média couramment utilisé. Elle présente l’avantage d’être offerte à la lecture du plus grand nombre puisqu’elle peut être placardée n’importe où. Elles s’affichent donc massivement dans les rues et sur les murs des bâtiments des villes et des villages et délivrent un message facile à comprendre.
Dès le début du conflit, tous les pays engagés utilisent massivement ce mode de communication. Certaines affiches sont tirées à 150 000/200 000 exemplaires entre 1914 et 1918 (alors que les tirages excédaient à peine quelques milliers avant-guerre) et font même régulièrement l’objet d’édition en carte postale. Les thèmes sont très variés : appel aux emprunts pour financer la guerre, campagne de recrutement, souscriptions pour des œuvres variées (aide aux orphelins, lutte contre la tuberculose), propagande.
L’affiche « Semez des pommes de terre. Pour les soldats. Pour la France. » émane des collections des Archives municipales de Remiremont (Vosges). Elle date de 1917 et est signée par Georges Henri Hautot, artiste peintre mais également caricaturiste très sollicité par les différentes revues satiriques au début du XXe siècle, notamment La Baionnette et Le Rire Rouge[1]. Le commanditaire de cette affiche est le Ministère de l’Agriculture. C’est une affiche connue que l’on retrouve dans de nombreux fonds.[2]
L’affiche montre au premier plan, un soldat de dos, en uniforme bleu horizon. Il fait face à un couple de paysans, une femme plutôt jeune et un monsieur âgé. À l’arrière-plan, l’artiste a représenté un village typique des campagnes françaises avec l’église au centre de quelques maisons. La jeune femme porte un panier rempli de pommes de terre, le vieux monsieur s’appuie lourdement sur une pelle. Dans une société rurale où une majorité de soldats sont issus du monde paysan, cette affiche souhaite appuyer sur la fibre patriotique des paysans en utilisant une écriture enfantine, simple à lire et un message visuel aisé à comprendre.
La pomme de terre est largement consommée par les soldats, en témoignent les nombreuses photographies montrant des soldats épluchant des pommes de terre mais également les nombreuses photographies montrant les semailles de pommes de terre dans les campagnes. La pomme de terre remplace le pain (les Allemands ont élaboré une recette de pain à base de pommes de terre, le pain KK), les civils à l’arrière sont invités à économiser le pain et à le remplacer par la consommation de pommes de terre comme semble l’indiquer une affiche réalisée par une jeune écolière[3].
ANDRES Gérald, La Première Guerre mondiale sur les murs. 14-18 en 33 affiches., numelyo [en ligne], mis en ligne le 2014-08-19T07:40:08Z, modifié le 2016-10-28T13:15:43Z, consulté le 2019-04-11 12:13:45. URL : http://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_00GOO01001THM0001guerre
DELPORTE Christian, Images et politique en France au XXe siècle. Editions du nouveau monde, Paris, 2006
GERVEREAU Laurent, La propagande par l’image en France, 1914-1918, in Images de 1917, Paris, Musée d’histoire contemporaine, 1987.
[1] Laurent Bihl, Ridiculosa, numéro 18, « Panorama de la presse satirique », EIRIS-UBO, Brest, 4e trimestre 2011, pp. 275-278.
[2] Dossier du Musée de l’armée et des Archives du Val d’Oise https://www.musee-armee.fr/fileadmin-cru-1511517017/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Objets/Fiches-1914-1918/MA_ADVO-pomme-terre.pdf
[3] Affiche de Yvonne Vernet, 1916 http://expositions.bnf.fr/guerre14/grand/g14_399.htm
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Scénario pédagogique - Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale [Séquence complète]pdf - 205 Ko