Léo Souillès-Débats, maître de conférence à l'Université de Lorraine, met à disposition cette fiche pratique d'analyse filmique, synthétisant les principaux éléments du vocabulaire cinématographique.
• Le récit est la somme de 3 notions : l’histoire, la narration et le discours.
- L’histoire : « de quoi ça parle ? » (lieux, personnages, évènements, etc.)
- La narration : « comment est-ce raconté ? » (temps du récit, ordre des évènements, durée des évènements, fréquence des évènement, etc.)
- Le discours : « de quelles manières est-ce raconté ? » à l’écrit, à l’oral, par l’image fixe, par l’image animée (choix des mots, de la ponctuation, de l’intonation, quels plans, etc.)
• Le narrateur et l’énonciateur
Se poser les questions : « qui raconte ? » ; « y-a-t-il un énonciateur (voix-off) ? » ; « l’énonciateur appartient-il à la diégèse, à l’univers du film ? »
• Les 4 temps de la narration :
- La narration ultérieure : l’histoire est terminée lorsque le récit commence (l’histoire est racontée au passé)
- La narration simultanée : l’histoire se déroule en même temps que le récit (l’histoire est raconté au présent)
- La narration antérieure : sorte de moment suspendu dans le temps, relève d’un futur possible (prophéties, prémonitions, etc.)
- La narration intercalée : mélange de plusieurs types de narration
• Les trois notions pour analyser un récit : l’ordre, la durée et la fréquence.
- L’ordre : dans quels ordres sont présentés les évènements ?
- La durée : combien de temps durent les évènements présentés ?
Isochronie ou anisochronie (la pause, le résumé, l’ellipse, l’accélération/le ralenti)
- La fréquence : combien de fois sont présentés les évènements ?
• La mise en scène implique un point de vue, une intention.
• Face à un plan, une séquence, un film, se poser les questions suivantes :
- Où est placée la caméra ?
- Définir le cadre et le champ (cadrer c’est choisir d’inclure mais aussi d’exclure)
- Définir l’échelle des plans (voir tableau proposé dans le Power Point) et leurs inclinaison (plan parallèle au sol, plongée, contre-plongée)
- Quel type de format est utilisé ?
- Quel est le degré d’iconicité de l’image (Noir et Blanc ou couleur, basse ou haute définition, grains de l’image, images animées ou prises de vues réelles, etc.)
- La caméra est-elle fixe ou mouvante ? Si oui, quels types de mouvements (panoramique, travelling, plan-séquence, etc…), quelle intensité (rapide, lent), et quelle fluidité (stable ou « à l’épaule ») ?
- Quel est le degré de subjectivité des plans et de la séquence ? Plutôt objectif, subjectif ? S’agit-il d’une caméra subjective ?
- Quelle est la profondeur de champ ? A quelle distance la caméra se trouve-t-elle par rapport à ce qui est filmé ? Quelle est la distance focale ?
- Quelle lumière ? Naturelle, artificielle ou les deux ? Y a-t-il une lumière dure (unidirectionnelle), diffuse, ou un mélange des deux ? Quelles sont les lignes de forces dessinées par l’éclairage ? Comment la lumière redessine-t-elle l’espace ?
- Quelles sont les couleurs présentes ? Certaines couleurs sont-elles récurrentes ? L’image est-elle teintée ?
- Quelle est la vitesse de défilement ? Quatre possibilités : défilement normal, le ralenti, l’accéléré, l’effet reverse.
• Le montage permet de donner du sens, de construire une cohérence narrative, de créer des associations symboliques, et de donner un rythme au film
• L’effet Koulechov : le montage permet de créer des associations automatiques
• Le champs / contrechamps
• La règle des 180°
• Les quatre types de transitions entre les plans : le cut, le fondu (au noir, au blanc, enchaîné, etc.), les incrustations progressives (volets, fermetures/ouvertures à l’iris, etc.) et les transitions déformantes (morphing),
• Les raccords : raccord mouvement, raccord de direction, raccord objet, raccord regard, raccord lumière, raccord dans l’axe, raccord iconique, raccord valeur de plan, etc.
• Trois types de sons : la musique, les voix, les bruitages
• Se poser la question : la musique est-elle extradiégétique (les personnes du film ne peuvent pas l’entendre) ou intradiégétique (les personnages du film peuvent l’entendre).
• L’effet « cirque » : la musique suit l’image. Elle vient appuyer un évènement, souligner un geste, accompagner une réplique, etc. L’effet cirque peut être discret (underscoring) ou plus exagéré (mickeymousing)
• L’effet clip : l’image suit la musique, elle se met en quelque sorte « à son service », elle tend à s’effacer derrière elle. C’est donc la musique qui prime, qui prend plus d’importance, qui donne le rythme.