La photographie de ce site industriel, en noir et blanc, est une photographie positive. Autrement dit, il s’agit d’une copie obtenue après tirage d’un original imprimé sur pellicule négative. Elle représente une halle de convertisseurs dans l’aciérie Thomas de l’usine de La Providence à Réhon (Meurthe-et-Moselle) photographiée en 1913. Son auteur est anonyme.
L’image montre une halle, autrement dit un hangar, de taille impressionnante si on compare à celle des personnages situés sur le pont-roulant ou à proximité des appareils. Les convertisseurs se trouvent à gauche et en bas de l’image. Ces machines sont composées d’une cuve en forme de cornue. Leur intérieur est recouvert de briques de dolomie destinées à conserver la chaleur et à leur base se trouvent les trous de soufflage qui permettent, à cette époque, d’insuffler de l’air dans le convertisseur.
Sur toute la partie supérieure de l’image, apparaît un pont-roulant, dirigé par un ouvrier dans une sorte de cabine ouverte sur la droite juste en dessous du pont. Avant d’introduire la fonte produite au haut-fourneau, le pont-roulant permet l’insertion de chaux et ferrailles destinées à éliminer le phosphore présent dans la fonte. Ce phosphore rend l’acier cassant. Seule l’invention du procédé Thomas-Gilchrist en 1877 permet l’exploitation industrielle du minerai de fer lorrain chargé en phosphore.
Quand le convertisseur est à l’horizontal cela signifie que le soufflage débute l’opération de conversion. Le convertisseur est alors relevé. Le silicium en brûlant donne une flamme bleue, puis elle s’allonge, s’intensifie et projette des étincelles. C’est alors le carbone qui se consume. Le contremaître surveille attentivement la couleur des flammes et des fumées pour savoir où en est la conversion. Quand il ordonne la descente de la cornue, c’est que l’opération est terminée. Ce qui est le cas du premier convertisseur présent à gauche sur la photographie et du second en cours de descente. L’obturateur de l’appareil photo a saisi le mouvement vers le bas de la cornue.
Sous les convertisseurs et dans la partie basse de la photographie, sont présentes des poches dans lesquelles est vidée la fonte convertie en acier du convertisseur. On peut également apercevoir une locomotive qui déplace ces cuves de métal en fusion vers les ateliers de coulée en lingotières.
À l’origine se trouvent les matières premières (charbon et fer), qui sont cokéfiées ou métamorphosées en aggloméré avant d’être transformées en fonte liquide dans le haut-fourneau. Cette dernière est ensuite convertie en acier liquide selon divers procédés (Thomas, Martin, électrique, à l’oxygène pur) qui se succèdent dans le temps pour produire des produits plats ou longs profilés après laminage. La photographie s’insère donc dans cette chaîne opératoire après la production de fonte au fourneau et avant le laminage.
Depuis la mise au point du procédé Thomas, de nombreuses usines sont installées en Lorraine, à proximité des sites d’exploitation des matières premières (charbon, fer) nécessaires à la création de l’acier. L’usine de La Providence à Réhon (Meurthe-et-Moselle) est l’une d’entre elles, certes, mais l’une des plus anciennes.
La découverte d’un gisement de minerai de fer sur le territoire de Lexy (Meurthe-et-Moselle) et l’achat de la concession minière en 1864 par la Société anonyme de la Providence, d’origine belge, née en 1838, marque la naissance de l’usine de Réhon. En effet, celle-ci est construite sur le terrain vierge à proximité du site minier. Ainsi, en 1866, est créée la Société des forges de La Providence de Réhon.
Le développement du bassin de Longwy après 1877, entraîne celui de l’usine de Réhon. Elle se compose alors de trois hauts-fourneaux et d’une fonderie. Sur le site Image’Est des photographies de l’ensemble en 1899 permettent d’appréhender ces installations quasiment neuves.
C’est en 1909, que la décision est prise d’y ajouter une aciérie Thomas et des laminoirs. La première production de rails est réalisée en 1912. En 1913, au moment où la photographie est prise, l’usine est en pleine expansion pour, malheureusement, une courte durée puisque la mobilisation de juillet 1914 la prive de sa main-d’œuvre puis son occupation par les troupes allemandes consacre son pillage. Spécialisée, par la suite, en fabrication de feuillards (larges bandes d’acier plat) et après plusieurs crises, l’usine ferme définitivement en juillet 1987.
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Séance pédagogiquepdf - 117 Ko