La photographie de cet atelier, en sépia, est une photographie positive. Autrement dit, il s’agit d’une copie obtenue après tirage d’un original imprimé sur pellicule négative.
Cette image présente l’atelier à Nancy du maître verrier Émile Gallé en 1897. Son auteur est anonyme.
La photographie est prise à contre-jour puisque deux fenêtres au fond sont apparentes. Pourtant, sa qualité en termes de luminosité est au rendez-vous. Elle offre au regard une seule pièce dans laquelle se trouvent sur la gauche un établi, au fond et contre le mur des barres métalliques, à droite du matériel en bois. Au premier plan à droite, on aperçoit un portillon en bois et à gauche un support de type estrade en bois également. Dix personnages sont présents. Trois d’entre eux regardent l’objectif de l’appareil photo. Parmi ces dix, trois au sol surveillent et les quatre debout semblent s’affairer. À gauche deux ouvriers regardent ; ils sont reconnaissables à leurs pantalons, chaussures de cuir, chemises ou chandail. À droite, se tient un homme élégamment vêtu. Il s’agit du maître verrier, Émile Gallé.
Le mouvement sur cette photographie n’est représenté que par les mains de ces quatre manœuvres au centre, qui réalisent une opération technique sous la surveillance d’Émile Gallé. Le baquet présent au sol est sans doute rempli d’acide comme le signale la fumée blanche et épaisse qui se dégage. Les quatre ouvriers tiennent une pièce de verre qu’ils plongent ou sortent du baquet.
« Émile Gallé (1846-1904) naît à Nancy en 1846. Fils de Charles Gallé, maître verrier installé dans la capitale des ducs de Lorraine en 1844, où il y fait ses études. Après le lycée, il se rend en Allemagne pour poursuivre sa formation, mais il s'intéresse déjà à la chimie et à l'apprentissage des techniques de fabrication du verre. Il se lie d'amitié avec Victor Prouvé (1858-1943), fils de l'un des collaborateurs de son père avec lequel il s'initie à tous les secrets du verre et de sa décoration. En 1873, il s'installe à Nancy en faisant construire une maison "La Garenne", avec l'idée qu'il devra prendre la relève des responsabilités de son père à la tête de l'entreprise familiale. En 1904, Emile Gallé meurt à l'âge de 58 ans emporté par une leucémie. » (Présentation photographie Site Image’Est).
La carrière du maître verrier prend une ampleur nationale en remportant des médailles d’or en particulier lors de l’Exposition universelle de 1878. En 1894, il transforme ses ateliers en manufacture aux diverses spécialités comme la verrerie, la céramique (il a travaillé à la faïencerie Saint-Clément) et l’ébénisterie. Au centre de son usine, il conserve une pièce où il procède à diverses expérimentations techniques. C’est cette pièce qui est représentée sur la photographie.
Technicien, il n’en est pas moins théoricien et utilise sa plume pour décrire son art. Ainsi, il travaille d’abord les nuances de diverses couleurs que ce soit pour les émaux peints ou la coloration du verre dans la masse. Puis, il expérimente la coloration par l’ajout à chaud de poudres ou morceaux de matières au cours de l’opération de soufflage du verre. Les diverses couches obtenues sont ensuite gravées. Toujours à l’affût de nouvelles procédures, il décide de plonger son verre multicouche dans l’acide afin de dégager des couches qu’il juge superflues et de laisser apparaître des couleurs et des reliefs. C’est ce qu’il nomme la technique de marqueterie du verre.
En 1897, lorsqu’est prise cette photographie, Emile Gallé vient sans doute d’aboutir à la technique de marqueterie la plus parfaite qui soit et c’est pour cela que l’instant est immortalisé. Le 12 août 1898, son invention est d’ailleurs brevetée. Unique, son procédé n’est jamais égalé et même les frères Daum, verriers nancéiens tous aussi célèbres, utilisent une autre technique, dite des « plaquettes ». En 1901, avec Victor Prouvé, Louis Majorelle, Antonin Daum et Eugène Vallin, il donne naissance à l’École de Nancy, dont la notoriété, à l’époque de l’Art nouveau comme aujourd’hui, est majeure en histoire de l’art.
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Séance pédagogiquepdf - 116 Ko