![]() |
Enluminure de la bataille d'Azincourt du 25 octobre 1415, victoire anglaise et événement désastreux pour le royaume de France - vers 1484. Source bnf. |
Le moyen âge tardif (XIVe et XVe siècle), même s’il marque la marche à la Renaissance et la modernité, reste néanmoins traversé par de nombreux troubles. La guerre de Cent Ans est déclarée dès 1337, en raison des revendications du roi de France sur ses terres de Guyenne, territoire aquitain actuel, occupé par les Anglais. Ces derniers dominent largement la victoire au début du conflit, notamment lors de la bataille d’Azincourt en 1415, dans le Nord de la France également annexé par les Anglais. Le royaume de France s’affaiblit et le roi Charles VI (1380-1422), atteint de démence dès 1392, perd progressivement ses facultés a gouverner. Dès 1407, avec la naissance du dauphin, futur Charles VII, des luttes intestines pour la régence du royaume de France mènent à la guerre civile entre Armagnacs (partisans du roi de France) et Bourguignons (partisans du roi d’Angleterre). La guerre de Cent Ans, faite de longues trêves, s’éternise et ruine le Royaume. En 1420, Charles VI signe le traité de Troyes, qui accorde la succession de son trône à Henri V d’Angleterre sa mort venue et déshérite ainsi son fils, dont l'accession au trône est désormais illégitime. Le Royaume de France est alors en grand péril.
![]() |
Représentation de Jeanne d'Arc réalisée de son vivant par Clément de Fauquembergue en 1429. cc Wikimedia Commons. |
C’est dans ce contexte délicat que naît Jeanne d’Arc, vers 1412, d’un père laboureur de Domrémy. Rien d’extraordinaire est à relever quant à ses débuts. Jeanne est une jeune fille ordinaire de son époque et de son milieu social. Elle reçoit l’éducation de sa mère, qui l’initie à la couture et à la prière, et se destine à une vie paysanne. Elle ne va pas à l’école, Domrémy n’en possède pas, il est donc très peu probable qu’elle sache lire ou écrire. C’est vers 1425 que - selon son propre témoignage - elle entend une voix pour la première fois, ce qui l’effraie dans un premier temps beaucoup. L’événement se réitère pourtant, et elle prend rapidement conscience que ces voix lui transmettent un message. Plus tard, elle devait déclarer que c’est ainsi qu’elle se vit confier la mission divine de chasser les Anglais hors de France et de redonner au jeune dauphin son trône légitime. En 1428, la guerre civile gagne du terrain et atteint Domrémy. La famille de Jeanne doit abandonner ses biens pour fuir à Neufchâteau, où elle apprend que la ville d’Orléans - toujours française - est assiégée par les Anglais. C’est en cette période difficile que les messages procurés par ses voix la poussent à agir.
Jeanne d’Arc décide de tout faire pour rejoindre Charles VII, et ce contre l’avis de son père, persuadé qu’une jeune fille n’a rien à faire avec l’armée, sous peine d'être utilisée comme fille de joie. Sa décision reste néanmoins prise, et son père ordonne à ses frères de l’accompagner dans son périple. C'est ainsi que Jeanne d’Arc quitte sa famille, à l’âge de 16 ans, pour rejoindre Vaucouleurs. Elle y rencontre le seigneur Robert de Baudricourt, proche du roi de France, pour le convaincre de lui assurer une rencontre avec le roi. Malgré une longue hésitation, le seigneur accepte. Robert de Baudricourt offre à Jeanne d’Arc une escorte pour rejoindre la résidence royale de Chinon, où demeure Charles VII. Pour le voyage, Jeanne d’Arc coupe ses cheveux et adopte la coupe au bol, coupe masculine en son temps.
Charles VII la reçoit dès février 1429. Très réticent à ses dires, le roi impose de longs interrogatoires à la jeune fille, ainsi que des analyses devant prouver sa virginité. En effet, une prophétie se diffuse depuis quelques années déjà sur l’arrivée potentielle d’une jeune pucelle destinée à sauver le royaume de France. Charles VII finit par se convaincre des paroles de la jeune fille à qui il offre une armure, avant de l’envoyer à Orléans.
![]() |
Statue à la gloire de Jeanne d'Arc et du patriotisme par le sculpteur Paul Dubois (inaugurée en 1896), place du Parvis à Reims - vers 1910. Coll. Pierre Mougin. © Image'Est. |
Jeanne d’Arc quitte Chinon avec ses frères dans un convoi de ravitaillement et arrive aux portes d’Orléans en avril 1429. Sur place, le moral des troupes est au plus bas, et la ville risque de céder aux Anglais. Jeanne réussit néanmoins à redonner de l’entrain à ses hommes grâce à son charisme et le succès du ravitaillement de la ville par bateau de nuit. La reprise de confiance qui s'ensuit permet aux Français de reprendre la ville, puis de chasser les Anglais des forts entourant Orléans. Ce succès ouvre la reconquête de la vallée de la Loire. Ce faisant, Jeanne d’Arc rejoint Charles VII en résidence à Loche. Elle réussit à le convaincre de prendre la route de Reims pour s'y faire sacrer roi, seule preuve envers Dieu de la légitimité de sa couronne.
![]() |
Sacre romancé de Charles VII à Reims en présence de Jeanne d'Arc. Peinture de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898). cc Wikimedia Commons. |
Jeanne d’Arc escorte alors le roi à travers le territoire bourguignon, ravagé par la guerre civile, lors de la "chevauchée vers Reims". C’est pourtant sans difficultés majeures que le cortège réussit à rejoindre la ville des sacres. Le 17 juillet 1429, Jeanne d’Arc est présente aux côtés du roi lors de son couronnement par l’archevêque Renault de Chartres. Si Charles VII reçoit l’onction sainte, il ne reçoit pas les attributs royaux, confisqués par les Anglais qui occupent encore Saint-Denis près de Paris, également occupée. L’acte politique du couronnement est très symbolique, et redonne de la légitimité au roi de France, désormais officiellement Charles VII. C’est cet événement en particulier que célèbrent, encore aujourd’hui, les fêtes johanniques de Reims.
A l'origine, la fête est célébrée le deuxième dimanche de mai en France, selon une loi du 10 juillet 1920. Il s'agit alors de la "Fête Jeanne d’Arc, fête du patriotisme". La date est choisie en rapport à l'anniversaire de la libération d'Orléans. Désormais, la fête est célébrée le premier week-end de juin, la ville accueille près de 200,000 spectateurs. Des spectacles médiévaux animent les rues du centre-ville, entre la rue Rockefeller et la rue de la Grue, avec pour épicentre la cathédrale de Reims. Un village médiéval est reconstitué pour l’occasion, animé par environ 200 artistes et 140 artisans en tenue d’époque. Des activités ainsi que des traditions gastronomiques d’époques sont proposées au public. Différents rassemblements culturels viennent s’ajouter au spectacle de son et lumières projeté sur la cathédrale le soir venu. Mais c’est le dimanche que la messe en hommage à Jeanne d’Arc donne suite au cortège historique du sacre de Charles VII, où plus de 500 figurants en tenues d’époque défilent dans les rues de la ville pour rejoindre les portes de la cathédrale.
Site officiel de la ville de Reims, cliquez ici.
Vers 1935 - Anonyme (9,5mm) : quelques plans sur la cathédrale Notre-Dame de Reims, monument emblématique de la ville et du sacre des rois de France dès le XIe siècle.
1938 - Lucien Perrot (9.5mm) : Les célébrations religieuses lors de la "Fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme" à Domrémy-la-Pucelle (Vosges). Domrémy-la-Pucelle est le lieu de naissance de Jeanne d'Arc et la foule est venue nombreuse assister à cette fête instituée en 1920. Une messe en plein air est célébrée.
1948 - Anonyme (9.5mm) : Défilé lors de la fête de Jeanne d'Arc au mois de mai à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
1948 - Paul Bréard (16mm) : Défilé lors de la fête de Jeanne d'Arc au mois de mai 1948 à Nancy. Paul Bréard, réalisateur de ce film, était membre des "Cinéastes Amateurs Lorrains". Cet extrait est issu de "Nancy Magazine 2", pêle-mêle d'actualités réalisé dans le cadre du caméra-club.
1954 - Jean Barbillon (8mm) : Défilé de chars décorés à Demange-Baudignécourt (Meuse) en 1954.
Films sur Reims en attente de numérisation.
"Jeanne d'Arc" (consulté le 10 juin 2021). Wikipédia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc#Famille_et_milieu_social
GAUVARD, C. (1997). Itinéraire d'une rebelle. L'Histoire magazine n° 210.
OFFENSTADT, N. (2006). Armagnacs et Bourguignons : l'affreuse discorde. L'Histoire magazine n°311