Panorama des forges de Moyeuvre-Grande

LéGENDES

Numéro de la photographie (haut) : FI-0235-0027

Panorama des forges de Moyeuvre-Grande (Moselle) en 1880. C'est en 1811 que François de Wendel les rachète. Sept hauts fourneaux sont successivement mis à feu à l'usine de Moyeuvre-Grande à la fin du XIXe siècle.

Numéro de la photographie (bas) : FI-0235-0007

Panorama de Moyeuvre-Grande (Moselle) vers 1900. En comparant ce document, avec une autre vue illustrant le village en 1880 (cote FLPH1-27), on remarquera le développement industriel des usines de Wendel mais surtout l'extension du village primitif avec ses cités ouvrières (à gauche de l'image) caractérisées par l'alignement des maisons.

Description des images

Il s’agit de deux cartes postales, l’une de 1800, l’autre de 1900.

La carte de 1880 est écrite : “ J’ai reçu votre lettre en attendant votre carte le bonjour à tout le monde. Nous passerons par ce pays ci pour aller à Metz. Tâchez d’arriver de bonne heure pour déjeuner “. Signé Léon Petterman à Joeuf à Metz. En haut à droite est portée une mention manuscrite indiquant “Chemin de la première gare allemande” avec une flèche pour le désigner précisément.

La carte postale de 1880 montre au premier plan le village de Moyeuvre-Grande (Moselle) avec l’église au centre. Au deuxième plan, les forges rachetées en 1811 par François de Wendel, en 1880 elles comportent sept hauts fourneaux en activité. A l’arrière-plan, se trouve la forêt.

La vue de 1900 est la même, vingt ans plus tard. Des différences notables sont observables. Tout d’abord le village s’est étendu, on peut voir la construction de la cité ouvrière à proximité des hauts fourneaux. Les maisons, toutes identiques sont parfaitement alignées. Les hauts-fourneaux qui étaient au nombre de sept en 1880 sont désormais huit.

Analyse

20 ans séparent ces deux vues. L’emplacement de Moyeuvre-Grande est idéal : forêt, voies de communication, gare, canal, mines pour le développement d’une activité sidérurgique.
Après le rachat de l’entreprise par François de Wendel au tout début du XIXe siècle, ce dernier modernise la production en introduisant des procédés anglais (il avait fait un voyage en Ecosse). A la suite de la guerre de 1870, la famille De Wendel est séparée. Une branche dirige les usines d’Hayange et Moyeuvre (côté allemand) et une autre crée les forges de Joeuf (côté français).  En 1881, la Société de Wendel achète le brevet de Thomas et Gilchrist (ces inventeurs mettent au point un procédé pour produire de l’acier à partir des minerais contenant du phosphore ce qui rend beaucoup plus rentable la production d’acier. Le procédé Bessemer ne pouvait pas fabriquer d’acier avec des minerais phosphoreux. En Lorraine, la grande majorité des minerais de fer contiennent du phosphore) pour 15 ans et fait construire deux aciéries, l’une à Hayange et l’autre à Moyeuvre-Grande. « Les Petits-Fils de François de Wendel & Cie », société créée en 1871, et « Wendel & Cie », fondée en 1880, se hissent parmi les premiers producteurs européens d’acier.

En 1872, parait “La réforme sociale en France” et les théories développées par Le Play sont mises en œuvre par les maitres des forges et particulièrement la famille De Wendel. La construction de logements ouvriers est au centre de la politique sociale.  Le logement doit sauvegarder deux principes : la vie de famille et les bonnes moeurs.  : « Sans logement, il n’y a pas de famille ; sans famille, il n’y a pas de morale » (Jules Simon, ministre de l’Instruction publique). Sans morale, pourrait-on ajouter, il n’y a pas de bonne main-d’œuvre. En conséquence, chaque habitation aura son entrée particulière et aucune pièce n’en pourra être sous-louée.

Avec la construction des forges de Joeuf en 1880, le problème de l’habitation ouvrière se repose à nouveau (les De Wendel avaient construit des logements ouvriers à proximité des forges dès les années 1840 mais il s’agissait surtout de loger les responsables). En 1914, le nombre total des logements construits pour le personnel des sociétés de Wendel s’élève à 3.495, dont 1.500 à Stiring-Wendel et à Petite-Rosselle pour ce qui est des Houillères de Petite-Rosselle, 885 pour les Forges et Mines de Hayange, 821 pour les Forges et Mines de Moyeuvre et 889 pour celles de Joeuf.

Sur Image’Est lire le dossier rédigé par Cindy Fernandez, Mathieu Molinéris et Jenny Muller sur les cités ouvrières  https://www.image-est.fr/actualites-cite-ouvriere-longwy-1005-373-0-0.html

Documents complémentaires

Cités ouvrières de Longwy vers 1900 https://www.image-est.fr/Fiche-documentaire-Cit%C3%A9-ouvri%C3%A8re-_Longwy_-610-2500-2-0.html

Bibliographie/ Sitographie

Une dynastie de maîtres de forges : les Wendel Philippe Mioche, Professeur émérite d’histoire contemporaine, Université d’Aix-Marseille  https://hal-amu.archives-ouvertes.fr/hal-02528524/document
J-N. Jeanneney, François de Wendel en République : l’argent et le pouvoir (1914-1940), atelier de production des thèses, Lille, 1976, 1510p. et édition abrégée, Le Seuil, collection Univers historiques, Paris, 1976, 672p. ; nouvelle éd. revue, Perrin, Paris, 2004
François Duchêne, Julien Langumier, Christelle Morel Journel, Cités ouvrières et patrimonialisation : d'un modèle à ses multiples transformations, Dans Espaces et sociétés, 2013/1-2 (n° 152-153), pages 35 à 50

La maison de Wendel Trois siècles d'industrie en Lorraine (1704-2004) : https://www.musee-orsay.fr/fr/expositions/presentation/la-maison-de-wendel-trois-siecles-dindustrie-en-lorraine-1704-2004-196288

Fonds Wendel : https://francearchives.fr/findingaid/651946959f02cbde6f23373e111ced20539e9da2