Atelier de confection (Nancy)

Légende

Numéro de la photographie : FI-0053-0004
Atelier de confection Manufacture de chemises pour hommes Ch. Adam-Probst, rue Raymond Poincaré à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Cette photographie illustre une page de l'histoire sociale du travail des femmes. Durant des décennies, l'industrie du textile a employé essentiellement un personnel féminin qui travaillait souvent dans des conditions précaires où régnaient la promiscuité, le manque d'hygiène, la surveillance continuelle des " chefs d'atelier " et la dureté du labeur.

Description de l’image

La photographie est un positif pris aux alentours de 1900. Elle donne à voir un atelier de confection de vêtements situé à Nancy.  Au premier plan, se trouvent des monceaux de vêtements. Les femmes, pour la plupart assises à leur poste de travail sont nombreuses (environ une vingtaine). Deux hommes, en costume, sont dans le fond de l’atelier. La plupart des femmes tournent leur regard vers le photographe. L’atelier ne présente pas d’ouverture sur l’extérieur, de nombreuses lampes électriques sont présentes

D’après l’horloge au mur, la photographie est prise en milieu de matinée.

Analyse

Le métier de couturière est essentiellement un métier féminin depuis le début du XIXe siècle. Comme on peut le constater sur la photographie, elles sont nombreuses et sont encadrées par deux hommes. La couture est un métier manuel que les femmes apprennent à l’école mais également dans les familles.
Dans cet atelier, ce sont des vêtements standard qui semblent être fabriqués (on aperçoit des machines à coudre sur les tables de travail). Pour autant, le faible nombre de machines à coudre indique que le travail manuel perdure et que coudre à la main est la norme dans cet atelier. L’empilement des chemises blanches ou rayées indique des vêtements similaires, en coton. D’après les travaux de Claire Lemercier “le travail était déjà divisé et hiérarchisé dans la couture avant 1830, au sens où chaque (petit) atelier ne produisait qu’un type de vêtement (robe vs. manteau, chemise, etc.) – une spécialisation qui se maintient pendant toute notre période. La confection accentue, en revanche, la division et la hiérarchisation des tâches, entre dessin et coupe, pré-couture (bâti), couture solide (piqûre) et finitions. Certaines tâches sont dès lors considérées comme faciles à apprendre, sous-payées et séparées géographiquement.”
Parallèlement au développement d’ateliers ou d’ouvroirs, de nombreuses femmes réalisent des travaux de couture à domicile, cette activité constituant un complément de revenu pour le ménage tout en leur permettant de s’occuper des enfants à la maison. De nombreuses femmes immigrées deviennent ainsi couturière à domicile. Cette organisation est pratique pour les employeurs qui n’ont pas à fournir de matériel, local et lumière. Les salaires sont bas mais constituent néanmoins un complément de revenu non négligeable pour les ménages.

Bibliographie/sitographie

Claire Lemercier, « Les couturières », in Marion Fontaine, François Jarrige et Nicolas Patin (éd.), Le travail en Europe occidentale, 1830-1939, Neuilly-sur-Seine, Atlande, 2020, p. 491-497.
Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire. La laveuse, la couturière, la cuisinière, Paris, Gallimard, 1979.
Podcast, Le tissu au cœur de la révolution industrielle https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-du-lundi-03-septembre-2018